L'accidentalité piétonne, cette saga qui nous fout la dep'
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L'accidentalité piétonne, cette saga qui nous fout la dep'

Service : Participation et Revendication Publics : Particulier, Pouvoir public Thématique : Sécurité routière temps de lecture 7 min 24 sec

TW : Attention article déprime.

Enfin jusqu’à ce qu’on arrive au paragraphe revendications. Avant cela, on se croirait dans la série Game of Thrones, au moins un piéton meurt à chaque paragraphe.

En août dernier l’Agence Wallonne pour la Sécurité Routière (AWSR) publiait un rapport sur l’accidentologie des usagers de la route/rue sur la période de référence 2017-2021. Plus récemment, Vias Institut a aussi sorti un rapport statistique sur les accidents de la route entre 2020 et 2021. Retour sur quelques chiffres clefs et éléments de conclusions concernant les piétons dans cet article.

S1E1 : Moins d’accidents corporels mais plus de tués

Après une année 2020 en nette rupture avec les années précédentes, 2021 voit ses indicateurs d’accidents et de blessés augmenter de 20%. Ceci est sans doute lié à la reprise du trafic motorisé qui a été fortement réduit en 2020. Toutefois, les indicateurs piétons 2021 par rapport à 2019 restent très encourageants avec 20% d’accidents corporels en moins.  Pour rappel, est défini comme accident corporel de la circulation tout accident impliquant au moins un véhicule, survenant sur une voie ouverte à la circulation publique, et dans lequel au moins une personne est blessée ou tuée. Cependant, il y a une augmentation du nombre de piétons tués en 2021 par rapport à la moyenne de la période de référence (2017-21). C’est donc la gravité des accidents qui est pointée ici.

Et pour se saper le moral encore un peu plus, en Belgique au cours des 9 premiers mois de l’année 2022, sur les 326 personnes qui ont perdu la vie, plus d’une victime sur quatre était un piéton ou un cycliste. Les statistiques du rapport de Vias indiquent donc que chaque mois, 10 usagers vulnérables sont décédés sur les routes cette année.

S1E2 : Avec qui ? Gare aux voitures !

Les piétons et deux-roues, qui ne disposent pas d’un habitacle protecteur, sont quasi systématiquement les victimes dans les accidents les impliquant. Les voitures demeurent le plus grand danger pour les piétons. Les collisions entre une voiture et un piéton représentent un accident sur dix. Et si l’on regarde la gravité de l’accident, sur un an en moyenne entre 2017 et 2021, 22 piétons ont été tués par un automobiliste soit 10% de tous les accidents. Concernant l’année 2021, on arrive même au triste chiffre de 73 piétons décédés quelque soit le véhicule concerné par la collision.

S1E3 : Où ? Plus vite, plus dangereux !

La vitesse a un impact considérable sur la gravité et le nombre d’accidents piétons. “Plus la vitesse d’impact est importante, plus l’énergie cinétique à disperser est élevée et les conséquences pour les victimes sévères”. C’est à 50km/h que le pourcentage d’accident piétons est le plus élevé, avec 83 % de tous les accidents piétons (hors et en agglomération). Et c’est en zone 30 que le nombre d’accidents piétons est le moins élevé (10%).

S1E4 : Quand ? Winter is coming et la luminosité diminue !

Sans surprise, l’impact de la baisse de luminosité sur l’accidentologie des piétons est clairement démontré. L’hiver et l’automne sont les périodes où il y a le plus d’accidents de piétons. Cela s’explique par leur grande vulnérabilité en absence de bonne visibilité. Lorsqu’il fait noir tôt (à partir de 17h), le risque pour les personnes qui se déplacent à pied est au maximum. C’est d’ailleurs en semaine que l’accidentologie des piétons est la plus élevée. Sur une semaine type, 79% des accidents piétons se produisent du lundi au vendredi.

S1E5 : Qui sont-ils·elles ? Les jeunes femmes la nuit sont les plus touchées

“La répartition des victimes (tués et blessés) selon l’âge pour chaque usager reflète en partie leur mobilité mais aussi la période de leur vie pendant laquelle ils sont potentiellement le plus à risque d’être impliqué dans un accident”. Avant 10 ans, les petits piétons sont moins victimes d’accidents. Cela peut s’expliquer certainement par l’encadrement des parents. Mais à l’adolescence le nombre de victimes augmente avec 8% entre 10 et 14 ans et 12 % entre 15 et 19 ans. Par la suite, plus l’on vieillit, moins on risque d’être victime d’un accident.

La répartition des victimes selon leur genre révèle que les femmes sont majoritairement victimes d’accidents (52%) parmi les piétons. Cela peut sans doute s’expliquer par le fait que nombreuses sont celles qui se déplacent à pied tôt et tard pour aller au travail, prendre le bus, le train, conduire les enfants à l’école. Le fait aussi que les femmes traversent l’espace public alors que les hommes l’occupent et mettent en place des stratégies afin d’y passer inaperçues.

S2E1 : Les revendications de Tous à Pied

Accepter toutes nos revendications !

1⃣ Le piéton est l’usager le plus vulnérable lors de rencontre accidentelle avec d’autres types d’usagers comme les cyclistes, les conducteurs… Il doit avoir priorité partout où il circule (Principe STOP). Ce qui ne veut pas dire qu’il ne doit pas aussi être attentif dans ses déplacements.

🚸Pour Tous à Pied, tout dépassement d’un piéton, qu’il marche sur le trottoir ou sur la voirie, doit se faire à l’allure du pas et avec une distance de deux mètres pour les véhicules motorisés : voiture, camion, bus, vélo et trottinette électrique… et de un mètre pour tous les autres usagers : vélo classique, trottinette non électrique, skateboard, roller… Et ce afin d’assurer la sécurité et le confort des usagers les plus vulnérables que sont les piétons.

🆓Le trottoir qui est l’espace du piéton par excellence, doit être dégagé de tout ce qui n’est pas à son service : bornes de recharge, parcmètres, panneaux publicitaires, panneaux routiers, panneaux de signalisation de travaux ou d’interdiction de parking temporaire, arceaux vélo, vélo, parking trottinettes, trottinettes, voitures, cabines électriques, scooter, potelets anti parking, les barrières signalant les abords des écoles, boites aux lettres de la poste, les poubelles hebdomadaires, terrasses temporaires si pas un mètre de circulation laissé aux piétons …

🚗Conducteurs : Adaptez votre vitesse et ralentissez, donnez systématiquement la priorité aux piétons, établissez le contact visuel avec la personne qui traverse.

🚲Cyclistes : Les cyclistes et piétons peuvent cohabiter dans de nombreuses situations, il n’empêche que lorsque les flux des uns et/ou des autres deviennent importants ou que la vitesse des cyclistes est à privilégier, il est alors nécessaire que chacun puisse avoir sa place et que celle-ci soit prévue de façon suffisante afin de limiter les interactions entre piétons et cyclistes. Car tout comme le cycliste n’aime pas de se sentir frôlé par l’automobiliste, le piéton n’aime pas se sentir frôlé par d’autres usagers.

🛴Trottinettistes : Les derniers changements du Code de la Route n’ont pas fait évoluer les choses sur le terrain sans doute parce que les contrôles sont quasi inexistants. Outre les verbalisations, il serait nécessaire de poursuivre la limitation de leur vitesse dans les zones piétonnes en bridant les trottinettes (comme c’est le cas à Bruxelles), de créer l’impossibilité technique de démarrer les trottinettes si vous êtes plus d’une personne (en cours de réflexion à Paris) et de bannir totalement le stationnement sur le trottoir (pour le moment, en l’absence de signalisation ad hoc, le stationnement sur le trottoir est toujours autorisé, à condition de ne pas gêner le passage des piétons et des autres usagers).

🏣Pouvoirs publics : Doivent appliquer systématiquement le principe STOP dans les aménagements en prévoyant des infrastructures piétonnes adaptées et sécuriser les traversées piétonnes. Pour rappel le principe STOP acté dans les 3 régions de notre pays prône une hiérarchisation des différents modes de transport et les favorise dans l’ordre suivant : la marche à pied, les vélos et la micromobilité active (trottinettes, skateboard, rollers, monoroues…), les transports publics, les transports privés collectifs (taxi, voitures partagées, covoiturage) et enfin, les transports privés individuels. Et c’est là le gros bouleversement, le tournant dans l’histoire : on arrête donc de mettre la voiture privée et individuelle comme point de départ et centre des réflexions et aménagements et elle est remplacée par les piétons que nous sommes toutes et tous.)

Vivement la saison 3, que plus aucun piéton ne se fasse écraser !