Entretien de sentier, réouverture d’une petite voirie publique, débroussaillage d’un chemin, plantation de haies… sont différentes occasions qui peuvent conduire à la rencontre avec ces espèces du troisième type que sont les plantes exotiques envahissantes (EEE) aussi appelées invasives. Comment réagir ? Quelles précautions prendre ? Une discipline scientifique appelée biologie des invasions a même été récemment créée pour ces plantes !
Qu’est-ce-qu’une EEE ?
Mais d’abord qu’est-ce qu’une espèce exotique ? En effet, n’est pas EEE qui veut. Il s’agit de répondre à une série de critères comme le fait d’avoir été introduite par l’homme en dehors de son aire de répartition géographique, c’est-à-dire, une aire dans laquelle les conditions environnementales nécessaires à la vie et au développement de l’espèce (zones d’abris, de nourrissage et de reproduction) lui sont favorables. Et ce, que l’introduction ait été faite volontairement ou accidentellement. On appelle ces espèces des espèces exotiques. Elles sont quelques 12.000 (tous groupes confondus : plantes, mammifères, poissons, oiseaux …) observées en Europe. Deuxième condition à remplir : l’introduction doit avoir été faite après 1500, date pivot marquant le début de l’intensification des échanges intercontinentaux. Pour avoir son certificat il faut encore que l’espèce soit capable de se naturaliser, c’est-à-dire de s’acclimater à un milieu dont elle n’est pas originaire et de s’y reproduire spontanément. Et enfin, il s’agit de présenter de grandes capacités de dispersion conduisant à une forte augmentation de sa population.
Parmi les 12000 espèces exotiques seules 10 à 15% d’entre elles sont considérées comme EEE. En Wallonie, sur trois de plantes exotiques, seules 8% (soit 23 espèces) ont un impact négatif sur l’environnement.
Quels sont les impacts du développement des EEE ?
Si les espèces exotiques ont comme effet le plus visible de faire disparaître des espèces indigènes (compétition, prédation, hybridation…) et d’altérer fortement le fonctionnement des écosystèmes du fait de leur multiplication rapide, d’autres impacts sont aussi présents. D’une part, les impacts socio-économiques. Particulièrement difficiles à évaluer, on estime toutefois que les coûts engendrés représenteraient environ 5 % de l’économie mondiale. Ils comprennent entre autres la diminution des rendements agricoles ainsi que les coûts liés à la restauration des milieux naturels et à la détérioration des infrastructures. D’autre part, l’introduction d’espèces en dehors de leur aire de distribution naturelle a également un impact important sur la santé humaine. Ce processus favorise en effet le développement de pandémies, l’apparition d’allergies et l’émergence de nouvelles pathologies.
Comment gérer les EEE ?
La première réaction à avoir est de signaler la présence de l’espèce. La région wallonne suit de près le développement de certaines d’entre elles. Et des mesures de gestion prioritaires peuvent être mises en place. En encodant vos observations, vous participez à la lutte contre les EEE. Rendez-vous sur : Biodiversité Wallonie
Ensuite elles ne portent pas le nom d’envahissantes pour rien. Les EEE sont difficiles à détruire. D’autant que bon nombre d’entre elles s’étendent et se densifient lorsqu’on coupe les parties aériennes : l’aulne blanc, le cerisier tardif, le cornouiller soyeux, l’érable jaspé de gris ou le robinier faux-acacia.
Pire encore celles comme la renouée du Japon dont un petit morceau de tige suffit à régénérer une nouvelle plante. Evitez donc d’en lancer à votre chien !
Avant d’entreprendre le chantier il est donc nécessaire de se poser plusieurs questions : la lutte est-elle nécessaire (dans certains cas il vaut parfois mieux ne rien tenter (exemple de la renouée du Japon) et si oui comment mener la lutte de façon la plus efficace. Pour cela la Région wallonne a aussi pensé à vous. Vous retrouverez tous les conseils généraux ainsi que des fiches spécifiques par espèce sur le site Biodiversité Wallonie. Ces techniques ont été collationnées et/ou testées par l’université de Liège Gembloux Agro-Bio Tech, le Conservatoire Botanique National de Bailleul et Centre de conservation de la faune et de la nature du Canton de Vaud.
Concernant la plantation que vous pourriez réaliser chez vous ou en bordure de chemins et sentiers, nous vous conseillons de vous référer à la liste des espèces indigènes éligibles dans le cadre de la subvention pour la plantation de haies, alignement d’arbres, vergers et taillis linéaires.