Espèces Exotiques Envahissantes : rencontre du troisième type
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Espèces Exotiques Envahissantes : rencontre du troisième type

Service : Participation et Revendication Publics : Enseignant, Particulier, Pouvoir public, Professionnel Thématique : Trame Verte et Biodiversité temps de lecture 6 min 17 sec

Entretien de sentier, réouverture d’une petite voirie publique, débroussaillage d’un chemin, plantation de haies… sont différentes occasions qui peuvent conduire à la rencontre avec ces espèces du troisième type que sont les plantes exotiques envahissantes (EEE) aussi appelées invasives. Comment réagir ? Quelles précautions prendre ? Une discipline scientifique appelée biologie des invasions a même été récemment créée pour ces plantes !

La balsamine de l'Himalaya, échappée des pépinières et des jardins a une forte capacité de dissémination. Elle a colonisé massivement les cours d'eau wallons au détriment des espèces locales.<br /> Des recherches récentes ont également prouvé que l’abondant nectar produit par la plante est très apprécié des insectes pollinisateurs au point de les désintéresser des plantes locales.<br /> En raison d’un système racinaire très superficiel qui disparait en hiver, les risques d’érosion des berges sont accrus lors de son implantation.
La balsamine de l’Himalaya, échappée des pépinières et des jardins a une forte capacité de dissémination. Elle a colonisé massivement les cours d’eau wallons au détriment des espèces locales.
Des recherches récentes ont également prouvé que l’abondant nectar produit par la plante est très apprécié des insectes pollinisateurs au point de les désintéresser des plantes locales.
En raison d’un système racinaire très superficiel qui disparait en hiver, les risques d’érosion des berges sont accrus lors de son implantation.

Qu’est-ce-qu’une EEE ?

Mais d’abord qu’est-ce qu’une espèce exotique ? En effet, n’est pas EEE qui veut. Il s’agit de répondre à une série de critères comme le fait d’avoir été introduite par l’homme en dehors de son aire de répartition géographique, c’est-à-dire, une aire dans laquelle les conditions environnementales nécessaires à la vie et au développement de l’espèce (zones d’abris, de nourrissage et de reproduction) lui sont favorables. Et ce, que l’introduction ait été faite volontairement ou accidentellement. On appelle ces espèces des espèces exotiques. Elles sont quelques 12.000 (tous groupes confondus : plantes, mammifères, poissons, oiseaux …) observées en Europe. Deuxième condition à remplir : l’introduction doit avoir été faite après 1500, date pivot marquant le début de l’intensification des échanges intercontinentaux. Pour avoir son certificat il faut encore que l’espèce soit capable de se naturaliser, c’est-à-dire de s’acclimater à un milieu dont elle n’est pas originaire et de s’y reproduire spontanément. Et enfin, il s’agit de présenter de grandes capacités de dispersion conduisant à une forte augmentation de sa population.

Parmi les 12000 espèces exotiques seules 10 à 15% d’entre elles sont considérées comme EEE. En Wallonie, sur trois de plantes exotiques, seules 8% (soit 23 espèces) ont un impact négatif sur l’environnement.

La berce du Caucase est une espèce d’origine ornementale qui a été plantée pour ses vertus esthétiques et mellifères. Elle se disperse dans l’environnement et envahit les bords de route, les berges de rivière, les lisières forestières et les prairies gérées de manière extensive depuis une vingtaine d’année. Elle y forme des populations très denses qui prennent le pas sur la flore indigène. La sève de cette ombellifère géante agit sur la peau à l’inverse d’une crème solaire, au lieu de la protéger, elle accélère les effets néfastes des UV pouvant occasionner de graves brûlures au troisième degré.

Quels sont les impacts du développement des EEE ?

Si les espèces exotiques ont comme effet le plus visible de faire disparaître des espèces indigènes (compétition, prédation, hybridation…) et d’altérer fortement le fonctionnement des écosystèmes du fait de leur multiplication rapide, d’autres impacts sont aussi présents. D’une part, les impacts socio-économiques. Particulièrement difficiles à évaluer, on estime toutefois que les coûts engendrés représenteraient environ 5 % de l’économie mondiale. Ils comprennent entre autres la diminution des rendements agricoles ainsi que les coûts liés à la restauration des milieux naturels et à la détérioration des infrastructures. D’autre part, l’introduction d’espèces en dehors de leur aire de distribution naturelle a également un impact important sur la santé humaine. Ce processus favorise en effet le développement de pandémies, l’apparition d’allergies et l’émergence de nouvelles pathologies.

Le joli buddleila est très envahissant et quasi exclusif sur des milieux naturels rares plutôt xérothermiques (falaises, éboulis et arènes pierreuses ou sablonneuses bien ensoleillées), écrasant la végétation souvent exceptionnelle de ces biotopes et en excluant la faune tout aussi exceptionnelle. Lorsque qu’ils forment des populations importantes, ils attirent à eux un grande majorité de butineurs qui délaissent les fleurs sauvages avoisinantes qui perdent ainsi un potentiel de reproduction (moins de graines formées). Enfin, ils produisent des alcaloïdes qui peuvent altérer  la survie des pontes des papillons qui les ont butiné. Contrairement aux idées reçues, ces arbrisseaux sont donc loin d’être les amis des papillons et sont encore malheureusement vendus dans les jardineries comme plante d’ornement…

Comment gérer les EEE ?

La première réaction à avoir est de signaler la présence de l’espèce. La région wallonne suit de près le développement de certaines d’entre elles. Et des mesures de gestion prioritaires peuvent être mises en place. En encodant vos observations, vous participez à la lutte contre les EEE. Rendez-vous sur : Biodiversité Wallonie

Ensuite elles ne portent pas le nom d’envahissantes pour rien. Les EEE sont difficiles à détruire. D’autant que bon nombre d’entre elles s’étendent et se densifient lorsqu’on coupe les parties aériennes : l’aulne blanc, le cerisier tardif, le cornouiller soyeux, l’érable jaspé de gris ou le robinier faux-acacia.

Pire encore celles comme la renouée du Japon dont un petit morceau de tige suffit à régénérer une nouvelle plante. Evitez donc d’en lancer à votre chien !

La renouée du Japon figure au palmarès des 100 pires espèces envahissantes de la planète selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Cette belle plante a une capacité à se reproduire et à éliminer ses concurrents qui en font une ennemie de la biodiversité. Elle a développé une véritable stratégie de compétition envers les autres plantes en sécrétant des substances au niveau des racines qui font mourir les racines des plantes avoisinantes. De plus, la densité de ses feuilles empêche tout développement d’autres plantes par manque de lumière.

 

Avant d’entreprendre le chantier il est donc nécessaire de se poser plusieurs questions : la lutte est-elle nécessaire (dans certains cas il vaut parfois mieux ne rien tenter (exemple de la renouée du Japon) et si oui comment mener la lutte de façon la plus efficace. Pour cela la Région wallonne a aussi pensé à vous. Vous retrouverez tous les conseils généraux ainsi que des fiches spécifiques par espèce sur le site Biodiversité Wallonie. Ces techniques ont été collationnées et/ou testées par l’université de Liège Gembloux Agro-Bio Tech, le Conservatoire Botanique National de Bailleul et Centre de conservation de la faune et de la nature du Canton de Vaud.

Concernant la plantation que vous pourriez réaliser chez vous ou en bordure de chemins et sentiers, nous vous conseillons de vous référer à la liste des espèces indigènes éligibles dans le cadre de la subvention pour la plantation de haies, alignement d’arbres, vergers et taillis linéaires.