Ville verte, piétons heureux
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Ville verte, piétons heureux

Service : Participation et Revendication Publics : Particulier, Pouvoir public, Professionnel Thématique : Trame Verte et Biodiversité temps de lecture 5 min 57 sec

On a tous en tête ces images un peu futuristes d’immeubles recouverts de végétaux, de villes envahies par la végétation, de parcs à perte de vue. Un rêve de nature en ville pour les piétons que nous sommes.

L’idée de végétaliser les villes n’est pas neuve

En 1898, l’urbaniste britannique Ebenezer Howard (1850-1928) défendait déjà l’idée « d’unir joyeusement » ville et campagne dans son projet de cité-jardin. En Belgique, les citésjardins se développent dans le contexte de reconstruction du premier après-guerre, entre 1918 et 1930. À Bruxelles, les cités du Logis (1921) et de Floréal (1922) à Watermael-Boitsfort en sont de beaux exemples. Les citésjardins étaient des quartiers construits pour loger correctement les ouvriers, dans un environnement sainElles avaient pour ambition de cumuler les avantages de la ville et de la campagne. Chaque maison possédait son jardin et était semblable aux autres. Les rues étaient systématiquement bordées d’arbres ou de haies avec la présence de parcs ou de squaresEn plus de la rue traditionnelle, un réseau de sentiers et venelles devait permettre un accès aisé aux maisons 

Quels avantages à verdir les villes ?  

Pour les piétons, une ville végétalisée présente de nombreux avantages. Tout d’abord, l’environnement urbain est plus attrayant visuellement. La circulation à pied qu’elle soit utilitaire ou de loisir est donc plus agréable. Le passant aura aussi tendance à prendre davantage le temps de flâner et d’observer la rueles boutiques ou l’architecture du quartier. Ce qui aura également des retombées positives sur la fréquentation des magasins, terrasses des bars et restaurants. Les végétaux protègent du soleil et rendent l’atmosphère plus respirable durant les périodes de fortes chaleurs. L’effet d’îlot de chaleur urbain en sera d’autant réduit. La pollution sonore est également atténuée grâce aux arbres. Ces derniers absorbent du CO2 et émettent de l’oxygène ce qui améliore la qualité de l’air. 

La plupart des personnes trouvent que les quartiers végétalisés sont plus agréables à vivre et à découvrir. Cette atmosphère plus apaisée constitue une belle opportunité pour inciter les personnes à marcher, que ce soit pour le loisir ou de façon utilitaire. Verdir les villes n’a donc pas qu’un objectif environnemental mais aussi social. Des actions de végétalisation des rues par les riverains dans le cadre de projets participatifs peuvent également favoriser la convivialité dans les quartiers. En participant à un projet commun, les habitants apprennent à mieux se connaître et sont amenés à collaborer pour l’embellissement de leur environnement quotidien. La végétalisation contribue ainsi au renforcement du lien social. 

La végétalisation des villes est aussi évidemment bénéfique pour l’environnement. La diversité végétale va favoriser la biodiversité. Ce qui est important quand on sait que la plupart des espèces sauvages, tant végétales qu’animales, sont en déclin dans nos villes. À Bruxelles, la population de moineaux domestiques a baissé de 95% en 25 ans. Les végétaux fourniront le gîte et le couvert à de nombreux insectes et oiseaux. Cela peut être renforcé par la pose de nichoirs et d’hôtels à insectes. Le choix des végétaux compte beaucoup. Il est préférable de planter des fleurs mellifères (par exemples Epilobe, myosotis, vipérine) pour que les abeilles trouvent de la nourriture. Les plantes bulbeuses du printemps (Crocus, Perce-neige) sont aussi très importantes pour les premiers insectes pollinisateurs (Bourdons terrestre) qui sortent en mars. 

Et alors comment fait-on ?

On plante des arbres ? Oui mais pas que. Il s’agit d’intégrer la végétation (spontanée ou non) dans toute la ville. Cela se fait donc à différentes échelles, du trottoir au parc. On peut tout d’abord laisser pousser la végétation spontanée à condition que celle-ci ne gêne pas l’accessibilité des trottoirs. Ensuite, on peut encourager les riverains à semer des fleurs et s’en occuperPar exemple, des roses trémières semées en façade embellissent avantageusement la rue et ne demandent pas beaucoup d’entretien. En fonction des situations, on peut également envisager de retirer quelques carrelages ou pavés pour agrandir les zones destinées à la végétation. Autre exemple, les fosses de plantation contenant des arbres ne devraient plus être imperméabilisées mais pourraient également servir à l’installation de végétaux. Si celles-ci sont assez grandes, on peut même envisager d’y planter des arbustes. Des bacs hors sol peuvent également être disposés. En plus d’un espace supplémentaire, ces bacs peuvent accueillir une végétation différente telle que des plantes aromatiques. Il faut cependant faire attention à que ces derniers ne gênent pas la circulation sur le trottoir. 

Très bien toute cette végétation, mais comment l’entretenir ?

La question de l’entretien de ces nouveaux espaces verts est complexe d’autant que les communes n’ont souvent pas les moyens financiers et humains suffisants. De façon générale, l’utilisation des pesticides est à proscrire. En effet, bien qu’efficaces, ces produits sont nocifs pour l’environnement et pour l’homme. En Wallonie, les communes ne peuvent d’ailleurs plus les utiliser depuis 2019. Nombreuses sont celles qui optent alors pour la gestion différenciée de leurs espaces verts. Cette méthode d’entretien des espaces publics préconise une approche raisonnée et adaptée en fonction de la situation et de l’utilisation de chaque espace vert. Il ne s’agit donc pas d’un arrêt total de l’entretien des espaces verts. Il est cependant important de prévenir les citoyens et d’expliquer ces changements. La végétation spontanée n’a souvent besoin que d’un entretien très limité, voire inexistant. Il faut également veiller à planter la bonne plante au bon endroit. Cela évitera de devoir l’enlever quelques années après sa plantation. Les feuilles mortes en automne doivent aussi être prises en compte. Si les feuilles entament leur décomposition sur les trottoirs, cela peut devenir glissant et dangereux pour les piétons. Attention aussi à bien choisir les variétés végétales. Certaines essences peuvent émettre des odeurs peu agréables (les fruits du Ginkgo biloba par exemple) ou être particulièrement allergènes (Bouleau…). 

Il faut donc aller vers des villes plus vertes. Commencer cette verdurisation par les cheminements piétons est une toute bonne idée. Cela permet d’encourager la marche et de faire adhérer plus facilement les riverains au projet. 

 

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