Pour un balisage intuitif et multifonctionnel
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Pour un balisage intuitif et multifonctionnel

Service : Participation et Revendication Publics : Particulier, Pouvoir public, Professionnel Thématique : Mobilité piétonne temps de lecture 5 min 27 sec

Dans un souci de partager équitablement la forêt entre ses différents utilisateurs tout en respectant au mieux son équilibre, la Région Wallonne vote un décret modificatif du Code forestier le 16 février 1995. L’arrêté d’exécution de ce décret est en vigueur depuis le 29 février 1996. Ce texte définit, entre autres, une série de procédures de normalisation et de réglementation du balisage d’itinéraires permanents et temporaires.

C’est ainsi que dans plusieurs communes rurales et semi-rurales, ont vu le jour de nombreuses promenades balisées par des petites formes colorées inspirées du système de balisage vosgien. Ce système, qui a le mérite d’exister, n’en présente pas moins un côté assez restrictif dans son adaptation en Région Wallonne : circuits en boucles uniquement, un seul sens de circulation. Par ailleurs, la volonté de normaliser au maximum les symboles à débouché sur un système rigide et peu intuitif pour les personnes pratiquant la randonnée occasionnellement ou venant de l’étranger.

Un nouveau décret

Le cadre même dans lequel s’inscrit ce type de balisage s’accommode relativement bien de ces inconvénients : il s’agit bien de circuits offerts au public comme un produit touristique sur un espace bien défini (la forêt). Et dans le jargon du tourisme, le randonneur, c’est un client. D’ailleurs, dans le nouveau décret relatif aux itinéraires touristiques balisés du 1er avril 2004, la compétence en la matière est passée de la Division Générale des Ressources Naturelles et de l’Environnement (DGRNE) au Commissariat Général au Tourisme (CGT).

Encore un nouveau décret ? Et bien oui, car le système de balisage normalisé en vigueur en forêt le sera aussi en dehors des forêts. Ce n’est pas surprenant car beaucoup de promenades locales débordent des forêts pour sillonner les champs et les villages.

Ce nouveau décret doit s’accompagner d’un arrêté d’exécution, toujours à l’étude, reprécisant les normes en vigueur et les procédures ad-hoc. Un groupe de travail composé de divers représentants d’horizons différents (cavaliers, randonneurs, concepteurs d’itinéraires, administrations…) a déjà pu débattre des lacunes du balisage actuel et des améliorations envisageables.

Et les voies lentes ?

Etendre l’application du décret à l’ensemble du territoire wallon nous amène à nous poser une question fondamentale : le balisage des voies lentes ne doit-il s’opérer que dans une optique de « produit touristique » ? Autrement dit, quid de la mobilité ? Mobilité au quotidien, bien entendu, mais aussi mobilité dans le cadre des loisirs de proximité comme le jogging ou le VTT…

Une commune qui désire valoriser son patrimoine voyer en combinant des portions de pré-RAVeL ou de RAVeL est-elle condamnée à ne proposer que des boucles à sens unique ? N’a-t-elle le choix de relier ses villages que par une symbolique alambiquée combinant deux signes reliés par un troisième signe spécifique ou par des panneaux prévus par le code de la route bien peu pratiques dans ce contexte ?

Comment relier trente villages avec quatre couleurs et un rectangle ? Comment indiquer la présence d’une école ou d’une zone naturelle fragile en dehors des routes ? Comment proposer des randonnées où les gens soient libres de prolonger dans la direction de leur choix en fonction de leur disponibilité ou de leur simple souci de liberté ?

Liaisons libres

Le système utilisé par les Sentiers de Grande Randonnée est basé sur le système de liaisons et de nœuds. De même pour le vélotourisme avec le « Knooppuntsysteem » (système points-nœuds) utilisé d’abord dans le Limbourg et ensuite, amélioré et étendu à la province d’Anvers et actuellement dans les cantons de l’est. Ce système est également celui qui est proposé dans le cadre du projet des liaisons inter-villages sur les chemins et sentiers des communes du GAL de l’entre-Sambre-et-Meuse : une balise directionnelle simple avec un symbole unique inspiré du panneau routier signalant l’entrée d’un village, le nom du village vers lequel on se dirige et, selon les situations, le kilométrage.

Un système mixte…

De nombreuses communes se sont déjà équipées dans le cadre du décret précédent. Il serait inconcevable de tout recommencer. D’autant plus que le système par boucle, malgré ses lacunes, convient bien aux circuits locaux thématiques.

Mais pourquoi ne pas autoriser un système mixte présentant les avantages de l’un et de l’autre système ? Cela aurait le mérite de ne pas enfermer le randonneur au long court, mais aussi le VTTiste du dimanche ou l’écolier de la semaine dans une logique largement orientée vers la « consommation » de promenade.

… après un large débat

Le thème des chemins et sentiers et plus largement des voies lentes est une matière dont la gestion est éclatée avec plus ou moins d’importance entre plusieurs instances : Pouvoirs Locaux (gestion communale des petites voiries, commissaires voyers), le MET (mobilité douce, RAVeL), la DGRNE (circulation en forêt), la DGATLP (aménagement du territoire, petit patrimoine d’accompagnement), la DGA (remembrements, mesures agro-environnementales), le CGT (tourisme), l’IBSR (signalétique routière), la SNCB (lignes désaffectées), associations d’usagers…

Bref, avant de cadenasser un type de balisage sans possibilités de dérogations, ne serait-il pas opportun de lancer un véritable débat sur la signalétique des voies lentes ?

Les avantages du système « points-nœuds »

  • Possibilité de circuler dans les deux sens.
  • Possibilité de rejoindre le réseau à partir de n’importe quel nœud.
  • Nombre quasi illimité de variantes.
  • Réseau extensible à l’infini.
  • On sait facilement vers où et d’où on vient.
  • Balisage simple, discret et peu onéreux avec possibilités de signes spécifiques à certains endroits (sécurité, mobilité, environnement, patrimoine…).
  • Possibilité d’établir progressivement un réseau en étalant les aménagements dans le temps en fonction des moyens disponibles.
  • Réseau régional cohérent à la place d’une somme de réseaux communaux autarciques.
  • Restauration d’un réseau vicinal parallèle au réseau routier.
  • Mise en valeur des éléments patrimoniaux excentrés des circuits touristiques établis.

 

Auteur : Christophe Danaux – Sentiers.be