Le noir et blanc c’est chic et efficace, mais parfois on a envie de couleurs dans la vie.
On voit de plus en plus fleurir des aménagements de passages piétons colorés. Les raisons en sont multiples, actes militants de reconnaissance d’une cause comme celle des droits des personnes LGBTQIA+ dans le cas des passages piétons arc-en-ciel, renforcement de la visibilité d’une zone piétonne sensible par exemple aux abords d’une école, envie d’aménagements urbains alternatifs et attrayants pour redynamiser un quartier …
Mais que dit la loi à ce sujet ? Car si c’est bien les communes ou les régions qui sont en charge de la signalisation sur les routes, des règles doivent néanmoins être respectées soit d’un point de vue réglementaire, soit d’un point de vue sécurité routière.
Au niveau réglementaire, le marquage des traversées piétonnes est régi par l’article 76.3 du Code de la Route : « les passages piétons sont délimités par des bandes de couleur blanche, parallèles à l’axe de la chaussée ». En Wallonie, le Code du gestionnaire (Art 18.3) en précise quant à lui les modalités pratiques : « La largeur et l’écartement des bandes sont d’environ 0,5m. Elles ont une longueur d’au moins 3,00 m sur les routes où la vitesse maximale autorisée est inférieure ou égale à 70 km/h et de 4,00 m sur les routes où une vitesse supérieure à 70 km/h est autorisée. À noter que dans certaines circonstances, notamment aux endroits où la fréquentation du passage pour piétons est importante en nombre, la longueur des lignes blanches parallèles peut être supérieure à 3 m (même si la vitesse autorisée est inférieure à 70 km/h). La longueur des rectangles (lignes) est donc à adapter proportionnellement à l’intensité de fréquentation. Le Règlement Régional d’Urbanisme à Bruxelles prévoit quant à lui que la largeur minimale soit de 1,20 m.
Tout autre aménagement où les bandes seraient dans une autre couleur que le blanc n’est donc pas considéré comme une traversée piétonne au sens réglementaire du terme. Ceci peut donc avoir des impacts en cas d’accident ou conflit, en regard d’autres articles du Code de la Route gérant les règles de priorité entre les piétons et les autres usagers ainsi que les responsabilités des usagers et des gestionnaires de voiries.
Mais et attention c’est ici qu’il fait savoir lire entre les bandes (lignes) car si vous avez été attentifs, la conclusion est que rien n’interdit de peindre entre les lignes (bandes) blanches ! De plus, rien ne vous empêche par ailleurs d’être créatif le long des bandes blanches aussi.
D’un point de vue sécurité routière, il faut cependant noter que l’administration wallonne émet quelques réserves en terme de contrastes qui doivent rester importants, l’utilisation de peintures suffisamment rugueuses pour éviter des traversées piétonnes glissantes et le fait qu’il faut une certaine sobriété dans les aménagements d’une même zone enfin d’éviter un trop grand nombre de distractions. Vous pouvez retrouvez l’ensemble de la réglementation relative aux traversées piétonnes dans la brochure du même nom : Guide des traversées piétonnes éditée par le SPW Mobilité.
Au-delà des goûts et des couleurs, il faut donc analyser la situation au cas par cas pour que ce type d’aménagement ait une vraie valeur ajoutée tout en ne compromettant pas la sécurité des usagers. Dans le cas de voirie à 90km/h, il faudra sans doute privilégier la visibilité du passage pour piéton alors que dans des zones où la circulation est plus apaisée, la créativité aura toute sa place. Enfin, nous avons interrogé les associations accompagnant les personnes mal voyantes. Celles-ci indiquent que les passages colorés type arc-en-ciel ne sont pas un souci tant que les bandes blanches sont correctement tracées. En effet les chiens accompagnateurs ne voyant pas les couleurs comme nous, route grise ou colorée importe peu pour eux. De plus, dans l’éventualité où le chien serait mis en difficulté face à une telle nouveauté, cela peut tout à fait faire l’objet d’un apprentissage spécifique. Un passage pour piétons à demi-effacé ou non muni de dalles tactiles de vigilance pour les personnes déficientes visuelles étant bien plus problématique.
À noter enfin que depuis 2020, l’Agence flamande de sécurités routière peut installer et entretenir un passage piéton arc-en-ciel sur une route régionale dans chaque municipalité flamande, à la demande des autorités locales.
