Marche piétonne exploratoire à Herstal
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Marche piétonne exploratoire à Herstal

Service : Expertise et Consultance Publics : Particulier, Pouvoir public, Professionnel Thématiques : Mobilité piétonne, Sécurité routière temps de lecture 5 min 35 sec

Tous à pied a participé à une marche exploratoire organisée par Inter-Environnement Wallonie. L’objectif est de sensibiliser les acteurs du territoire aux possibilités créatives pour freiner l’éparpillement de l’urbanisation en utilisant mieux les ressources dans le cadre du “Stop au béton” décidé en 2018 par le gouvernement wallon. C’est-à-dire l’interdiction de construire sur des terres non artificialisées (comprenez des terrains non construits) à partir de 2050. Vous en retrouverez les résultats ici.

Nous vous en proposons notre analyse de cette journée, avec un regard particulier sur les leviers et freins aux déplacements à pied, et plus particulièrement d’un adulte qui pourrait être accompagné d’un enfant.

Herstal à la carte (c) Tous à Pied

Le temps n’était pas vraiment en rendez-vous, car une belle drache nationale nous attendait pour le départ. Mais comme l’adage le dit, il n’y a pas de mauvais temps…il n’y a qu’un mauvais équipement. Le premier arrêt était une venelle remise en état dans un quartier. Cette venelle n’améliore pas la perméabilité puisqu’il s’agit d’un cul-de-sac, mais le traitement qui lui a été apporté  a permis de changer radicalement le sentiment de sécurité (lumière, ouvertures visuelles, contrôle social…) et le côté agréable (banc, végétation…). La réflexion sur la gestion de la petite place qui a été créée en bout de venelle nous a aussi paru très intéressante. En faire un lieu commun géré par les habitants est une des pistes à explorer.

L’impasse Serwir (c) Tous à Pied

Nous avons ensuite traversé deux nouveaux aménagements au niveau du site du Cœur de Hayeneux qui permet de relier les rues Hayeneux et Ernest Solvay. Ces aménagements sont très importants, car ils permettent d’améliorer la perméabilité du quartier. Grâce à eux, nous avons pu rejoindre rapidement la rue Ernest Solvay avec un cheminement de 220m zone piétonne. Sans un traitement en faveur des déplacements à pied, notre parcours aurait été de 710m le long d’une voirie carrossable ! Cet espace qui est un pôle d’attractivité par ses fonctions (logements, pistes de pétanque…) a été aussi pensé pour les enfants, car des jeux devraient y être installés. On regrettera cependant le manque de sanitaires…et oui, quand on joue ou qu’on accompagne ses enfants, il n’est pas rare de vouloir satisfaire un besoin naturel. La commune est néanmoins sensible à cette question qui devra être creusée.

Traversée Rue Haute Marexhe, direction la Meuse (c) Tous à Pied

Notre objectif est maintenant de rejoindre la Meuse et le RAVeL qui ne sont pas très loin. Mais alors que nous pensions avoir franchi tous les obstacles en traversant le bâti, nous sommes confrontés à une véritable coupure : deux traversées de route non aménagées et un parc sans cheminements pour le traverser. Finalement, si la Meuse n’est pas si loin de la ville, de nombreuses coupures (physiques et psychologiques) font qu’il n’est pas aisé de s’y rendre.

Traversée de la route par toujours aisée (c) Tous à Pied

Nous avons ensuite longé le RAVeL jusqu’à L’Avenue Maurice Denis et avons fait une pause devant un rond point. Histoire de se rappeler que le rond-point est finalement une infrastructure, bénéficiant souvent d’un traitement esthétique important (qu’on aime ou qu’on n’aime pas, les moyens financiers sont mis)…mais inaccessible aux piétons. Cette infrastructure rajoute de plus du temps de parcours au trajet piéton. Dans ce cas-ci, 50% en plus en distance : traverser la rue représente une distance de 63 m contre 40 m si cela avait un carrefour.

Étape suivante, nous nous sommes rendus au musée de l’Éphémère. Lieu magique construit de manière collective ou amoureux de la nature, de la culture pourront se retrouver. Ce lieu agréable améliore aussi la perméabilité du quartier. Le promeneur s’y retrouvera, celui qui veut vite se déplacer aussi. Les plus et moins jeunes y trouveront aussi leur bonheur.

Musée de l’Éphémère (c) Tous à Pied

Nous traversons ensuite la nouvelle maison communale. Critiquée par certains pour la gestion qu’engendre la végétation sur ses façades, elle remplit son rôle de pôle attractif sans être pour autant une infrastructure infranchissable. Il est en effet possible de rejoindre la place communale au bas de la ville en la traversant ainsi que le Parc de l’Éphémère et ce 24h/24h. Son architecture appelle également à la traverser. On sent que l’on peut y aller et continuer plus loin…contrairement à d’autres bâtiments de la place qui ne laissent pas deviner qu’un chemin, raccourci existe.

Nouvelle Maison Communale d’Herstal (c) Tous à Pied

Un peu plus loin, tout le monde se met d’accord sur l’importance de la signalétique. En effet, sans notre guide, nous n’aurions pas eu connaissance de l’existence d’un raccourci entre la piscine et le parking de la ville basse via un escalier récemment construit. Sans aller vers une surabondance de panneaux, à cet endroit, une petite plaque ne serait pas de trop.

Passage un peu trop discret entre le haut et le bas de la ville d’Herstal (c) Tous à Pied

Le dernier tronçon de ce parcours nous a amenés à la Place Licourt. Nous profitons du parcours pour admirer le bâti, car Herstal recèle de nombreux petits joyaux. Arrivés sur la place, nous nous sommes demandé par où nous devions traverser.  Nous avons fait l’exercice d’emprunter les passages pour piétons (et oui, nous nous sommes mis dans la tête que nous étions accompagnés d’un enfant et donc, il fallait montré l’exemple), mais cela représentait encore une fois un détour de 41 m en plus. Heureusement que le Code de la route permet de traverser hors passage de piéton si celui-ci est à plus de 20m…mais au bon vouloir de l’automobiliste.

Se faire de la place en tant que piéton dans l’espace public n’est pas toujours évident. (c) Tous à Pied

Cette journée fut très riche en rencontres, échanges,  bons cas d’écoles. Il est évident que pour développer une culture de la marche, il faut une vraie réflexion au niveau de l’aménagement du territoire : localisation des services, étalement urbain, perméabilité des quartiers et des territoires…