Les couleurs de l'été indien...
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Les couleurs de l'été indien...

Service : Participation et Revendication Publics : Enseignant, Particulier Thématique : Trame Verte et Biodiversité temps de lecture 4 min 7 sec

Déjà toutes nos excuses si vous avez l’été indien de Joe Dassin en tête.

Vous aussi vous éprouvez ce petit plaisir

à entendre le bruit de feuilles qui se froissent sous vos pieds quand vous marchez sur un petit tapis rouge, orange, brun et jaune de feuilles d’automne ?

Si oui, bienvenu au club ! Si non, pas grave lisez quand même, vous allez apprendre deux trois choses intéressantes sur ces couleurs d’automne de toute beauté ! Vous pourrez ainsi briller en société lors de vos prochaines balades, au moins aussi fort qu’un chêne rouge sous le soleil Québécois.

Que ce soit en marchant dans votre quartier

ou en vous promenant dans les bois, vous n’avez pas pu le louper : l’automne s’est installé et avec lui, un manteau de mille couleurs allant du safran au vermillon en passant par le pourpre, habille notre belle nature. Le changement de saison s’accompagne d’un changement de parure pour de nombreux arbres et fougères de nos régions, avant qu’ils ne perdent leurs feuilles. Mais savez-vous d’où viennent ces couleurs ?

Au printemps et en été, la plupart des végétaux sont verts.

Cette couleur est due à la présence en grande quantité de chlorophylle dans les feuilles, masquant de nombreuses autres couleurs pourtant parfois bien présentes toute l’année en leur sein.

Les couleurs vives que nous offre le monde végétal au gré des saisons sont issues d’une classe de pigments, les « flavonoïdes ». Ces derniers se retrouvent au sein des feuilles et des pétales de fleurs. Ils absorbent les ultraviolets, assurant une protection face à ceux-ci, un peu comme votre crème solaire en été, tout en veillant à laisser passer le rouge et le bleu pour ne pas gêner la chlorophylle. En effet, la chlorophylle transforme l’énergie lumineuse en énergie chimique, elle le fait en transformant l’eau et le dioxyde de carbone en oxygène et en sucres. En d’autres termes, elle permet aux plantes de respirer et d’obtenir de l’énergie vitale.

Différents types de sucres que produit le végétal, associés à une acidité particulière au sein des flavonoïdes peuvent induire différentes couleurs : rouge, violet, bleu. Chez le bleuet par exemple, la sève est alcaline et la fleur de couleur bleue. Quant au coquelicot, sa sève est acide, il va donc développer des pétales rouges pourtant, ces deux couleurs sont issues de la même molécule.

Nos érables rouges, chênes rouges ou encore le sumac produisent de grandes quantités de « flavonoïdes » (ici des anthocyanines, un colorant naturel pour les plus curieux) entrainant cette fois, l’apparition de rouge vif et pourpre au sein des feuilles. Au fur et à mesure que nous avançons dans la saison, les jours raccourcissent et la température chute. La diminution de ces deux facteurs aura pour effet de favoriser la destruction de la chlorophylle (qui est responsable de la couleur verte des feuilles pour ceux qui suivent) et de booster la production de « colorant naturel » (anthocyanine) responsable du rouge-vif et pourpre dans le cas présent.

La gamme de couleurs est énorme,

hélas, nos yeux ne nous permettent d’en percevoir qu’une fraction malgré la myriade existante ! C’est le cas de la « pulicaire dysentérique » une petite fleur qui pour nos yeux humains est jaune mais qui apparaît « violet d’abeille » pour les insectes du même nom. Cela est dû à leur capacité de voir les UV et le jaune, dont la synthèse donne cette couleur que nous ne sommes pas à même de voir !

Pulicaire dysentérique

Et si ces parures sont magnifiques vous aurez aussi remarqué qu’elles ne restent pas indéfiniment ni de la même couleur comme nous venons de le voir, ni sur l’arbre. Avant la chute finale des feuilles, les arbres en retirent tout ce qui peut être nutritif, et stockent ces ressources au niveau de leur tronc ou des racines. Les cellules composant les feuilles commencent à mourir détruisant avec elles les pigments de couleurs vives pour virer vers une couleur terne brune puis noire avant d’être décomposée dans la litière.

La capacité qu’ont les herbivores et omnivores à percevoir certaines couleurs couleurs à l’instar de certains goûts, comme l’amertume et le côté astringent, est un réel atout car potentiellement révélateur de la présence de composés toxiques dans la feuille issu de sa décomposition. Un avantage probablement conservé au cours de l’évolution nous permettant d’être averti de la présence de composés toxique !

“On ira où tu voudras, quand tu voudrasEt l’on s’aimera encore, lorsque l’amour sera mortToute la vie sera pareille à ce matinAux couleurs de l’été indien”

(Pardon)