Chemins et sentiers : des voies pour la biodiversité
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Chemins et sentiers : des voies pour la biodiversité

Publics : Particulier, Pouvoir public, Professionnel Thématique : Trame Verte et Biodiversité temps de lecture 4 min 11 sec

C’est un fait aujourd’hui avéré : la biodiversité mondiale est en chute libre. Pour éradiquer ce phénomène, les chemins et sentiers constituent une piste trop ignorée. Ce sont en effet généralement des lieux restés très naturels, accueillant une faune et une flore variées au milieu d’étendues plus pauvres. Par ailleurs, ces petites voies forment un réseau qui permet aux espèces de se déplacer et de se disséminer. Selon le type d’aménagement et le mode d’entretien des chemins, des sentiers et de leurs abords, ce rôle sera ou non favorisé.

Toutes les études menées arrivent au même constat : la biodiversité est en nette régression. Cette diminution est mondiale mais particulièrement forte en Europe et plus encore en Belgique en raison d’une densité de population particulièrement élevée. Les principales causes de ce phénomène inquiétant sont d’ordre anthropique : les activités humaines engendrent le morcellement et la dégration des habitats tandis que les effets du réchauffement climatique se font d’ores et déjà sentir.

Dans ce contexte difficile, les chemins et sentiers peuvent constituer un élément important du maintien de la biodiversité. Souvent, en effet, ils s’avèrent être des espaces riches en biodiversité survivant au coeur de zones appauvries suite à l’urbanisation et/ou à la pratique d’une agriculture de monoculture généralement intensive. Ces petites voies, et plus particulièrement encore leurs abords, deviennent ainsi des lieux d’accueil privilégiés pour la faune et la flore.

Les bords des voies sont rarement exploités ; l’intervention de l’homme y est le plus souvent minimale et consiste à y maintenir un passage libre. Des haies naturelles s’y sont dès lors parfois développées ou y ont été plantées. Ces haies sont très utiles au maintien de la biodiversité lorsqu’elles sont composées d’espèces indigènes, idéalement variées. Elles offrent non seulement des refuges, des lieux de nidifications, mais elles sont aussi une source nourricière pour la faune.

Lorsqu’il n’y a pas de haies et que la fauche est pratiquée, une strate herbacée variée peut se développer. Les chemins creux (chavées) sont parmi les plus riches en diversité ; il arrive ainsi que les deux versants d’un même chemin présentent des caractéristiques distinctes suite, par exemple, à une exposition au soleil, au vent ou à la pluie différente. De même, la nature des sols peut varier entre le haut et le bas des talus. En conséquence de quoi on se trouve en présence de biotopes diversifiés peuplés d’espèces tout aussi diverses.

Le rôle de réseau que jouent les chemins et sentiers apparaît lui aussi primordial. Véritables couloirs biologiques, ils sont empruntés par la flore pour sa dissémination et par la faune pour se déplacer. Ce rôle est essentiel au maintien des espèces. Sans cette possibilité de se déplacer, de parvenir à de nouveaux territoires et de rencontrer d’autres individus, des problèmes de consanguinité pourraient vite apparaître au sein de populations trop petites et isolées. Ce qui compromettrait dangereusement la survie de celles-ci.

Le mode d’entretien des chemins et sentiers et de leurs abords a une influence directe et déterminante sur la biodiversité des lieux. Ainsi, par exemple, l’utilisation d’herbicides peut, en deux ou trois passages, éliminer toute flore. Il est d’ailleurs utile de rappeler que cette utilisation d’herbicides est interdite pour l’entretien des abords des voies publiques. A l’opposé, la pratique d’une fauche tardive est favorable à la nature … tout en s’avérant moins lourde en main d’œuvre. Il est même conseillé de s’abstenir de tout fauchage sur environ 20% des surfaces afin, entre autre, de maintenir des refuges d’hiver.

L’aménagement des chemins et sentiers pour les déplacements des usagers actifs doit lui aussi tenir compte du rôle environnemental de ces voies. Ainsi, par exemple, lors des réhabilitations, on veillera à effectuer les travaux lourds de débroussaillage en hiver. De même, en cas d’aménagement d’assiette, on prendra soin d’utiliser des machines étroites afin ne pas endommager les abords des voies. Par ailleurs, un geste tout simple en faveur de la biodiversité, consiste à planter de nouvelles haies d’espèces indigènes et variées pour délimiter les voies, ce qui va créer de nouveaux espaces d’accueil.

La biodiversité de nos petites voies publiques offre aux usagers actifs qui les parcourent un véritable bain de nature et rend leurs déplacements d’autant plus agréables qu’ils y croisent une richesse de plus en plus rare…C’est là un atout qu’il convient de préserver !