« Walk & Talk » avec Thérèse Snoy
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« Walk & Talk » avec Thérèse Snoy

Publics : Particulier, Pouvoir public Thématiques : Mobilité piétonne, Trame Verte et Biodiversité temps de lecture 4 min 35 sec

C’est une histoire avec des bois, un château, une grande famille, des chasseurs et même un miracle. Et c’est un peu grâce à tout cela qu’à la fin ils purent marcher heureux et longtemps sur un sentier.

Issue d’une famille de sept enfants, Thérèse est née et passe son enfance dans le château de Bois – Seigneur Isaac. Ce château fut une ancienne forteresse féodale située dans une enclave, destinée à défendre la Province du Hainaut contre le le Brabant wallon. Au début du XVè siècle, le seigneur de l’époque aurait vu une hostie saigner pendant trois jours. On recueillit le « Saint Sang » sur un linge qui devint une relique. L’évêque de Cambrai déclarant le miracle, des pèlerinages et la construction d’une abbaye s’en suivirent. Dans les années 1700, des ancêtres de Thérèse acquièrent le château et le rénovent en résidence. En 1810 et donc depuis cinq générations, il est la propriété de la famille Snoy. Le château, repris depuis 1993 dans la liste du « patrimoine exceptionnel de Wallonie » avec ses 80 arbres remarquables présents dans son parc, est ouvert au public sur demande et lors de journées du patrimoine.

L’histoire raconte que le Seigneur Isaac, vivant au Xè siècle décida de planter des arbres alors qu’à cette époque, on s’occupait plutôt de défricher les forêts. C’est pourquoi le lieu fut appelé « Bois (du) Seigneur Isaac. Et le bois attenant au parc du château fut logiquement nommé « le Bois Planté ».

Panneau didactique sur l’histoire du « Bois Planté »
Panneau didactique sur l’histoire du « Bois Planté »

Thérèse fut initiée par son père à la gestion forestière, et en assura déjà la gestion depuis 1988, Dès lors, c’est en toute logique qu’au décès de celui-ci, elle hérite de ce bois.

La propriété forestière s’étend aujourd’hui sur une quinzaine d’hectares. C’est une futaie jardinée comprenant quasi une dizaine d’espèces différentes avec une dominance de hêtres. Une petite surface donc et beaucoup de conditions écologiques imposées par Thérèse qui exploite le bois de façon extensive. Des solutions ont donc dues être trouvées : avec le Village N°1 qui vient chaque année récupérer du bois de chauffage, avec l’agriculteur du coin qui s’est vu céder le gyrobroyeur en échange de travaux réguliers dans le bois. Et puis Thérèse y met aussi la main à la pâte avec l’aide de ses fils, d’un jardinier ou des scouts du coin : débroussaillage, dégagement de clairière, plantations …

Après un temps de discussion avec les chasseurs possédant un bail de chasse sur le domaine, Thérèse les convainc de l’intérêt d’ouvrir sa propriété au public. Il faut dire que l’accès n’a jamais vraiment été interdit non plus mais maintenant, depuis un an et demi, c’est officiel. À l’entrée, un panneau édictant les droits et devoirs de chacun vous accueille. Vous pouvez du coup découvrir le bois grâce au chemin central qui le traverse sur un kilomètre et demi. Thérèse a aussi voulu y amener de la vie. Elle y a installé des sculptures en bois de son mari Jean-Michel Corre, une série de panneaux didactiques sur l’histoire du bois, la gestion de la propriété et l’intérêt d’une forêt nourricière. Des balades méditatives y sont organisées, un parcours pour y voir les jacinthes au printemps, l’accueil de classes de l’école de village qui ont, sur une autre parcelle, planté chacun leur arbre. Résultat, l’interaction avec le public se passe encore mieux depuis l’officialisation des choses. Le sentier a aussi permis la création d’une sixième balade par l’association « Les Amis d’Isaac » dont l’objectif est de mettre en valeur le patrimoine historique et naturel du village.

Les sculptures en bois de son mari Jean-Michel Corre

Après une vie professionnelle et familiale bien remplie : trois enfants, cinq petites filles, des études en sociologie et urbanisme à l’UCL, en environnement à l’ULB, un passage de deux ans à l’île Maurice, la mise sur pied d’un Centre Régional d’Initiation à l’Environnement (CRIE) à Boisfort, un travail dans un cabinet ministériel, la présidence puis la gestion d’association environnementale, indépendante pour un bureau d’étude en urbanisme, et surtout parlementaire fédérale pendant 7 ans, Thérèse a maintenant plus de temps à consacrer à son bois. Son objectif est de l’entourer de parcelles agricoles bien gérées afin d’éviter l’impact de l’agriculture intensive sur celui-ci. La création d’un maillage écologique en famille avec son frère et ses neveux dans un projet d’agroforesterie est aussi en cours. L’ouverture d’autres sentiers dans d’autres parties de la propriété est en réflexion.

C’est ici que se termine notre histoire de bois, château, grande famille, chasseurs et miracle. Mais certainement pas celle de Thérèse et de tous ses projets à venir.