Vous avez dit piétonnisations temporaires ?
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Vous avez dit piétonnisations temporaires ?

Publics : Particulier, Pouvoir public Thématique : Mobilité piétonne temps de lecture 5 min 36 sec

Les espaces publics désignent les lieux que le public fréquente, indépendamment de leur statut. Ainsi, les lieux privés ouverts au public – comme un centre commercial ou une galerie marchande – sont souvent qualifiés d’espaces publics. Depuis l’avènement de l’automobile, une grande partie de l’espace public est destiné aux voitures pour permettre leur circulation.  Les autres modes de déplacements, en particulier les modes non motorisés dont font partis les piétons, ont été longuement mis sur le côté. Aujourd’hui, notamment grâce à la montée en puissance des préoccupations environnementales, du bien-être et de la santé, les modes actifs retrouvent leur place dans les politiques d’aménagement territorial et de mobilité. Mais l’héritage de ces espaces publics pensés pour les modes motorisés engendre un grand défi pour leur appropriation par les piétons notamment. Modifier une voirie dédiée à la voiture est souvent conflictuel et peut être vu comme insurmontable. Pourtant, il existe des possibilités de piétonniser les voiries provisoirement. 

Cela consiste à affecter une ou plusieurs rues à l’usage exclusif des piétons dans le but de diminuer les conflits entre motorisés et non motorisés, de réduire les nuisances liées à l’automobile, de résoudre certains problèmes de congestion, et surtout d’animer l’espace public ! En effet, les zones piétonnes offrent un environnement propice non seulement aux déplacements actifs, mais également à la déambulation, à la restauration, au magasinage, au repos, au divertissement ou encore au jeu. Souvent aménagées de manière permanente (comme le piétonnier de Bruxelles par exemple), il est également possible d’en faire une action temporaire pour différents motifs.

Des villes exemplaires

Lors de la semaine européenne de la mobilité, la ville de Bruxelles organise traditionnellement le dimanche sans voiture. L’ensemble de la région est fermé à la circulation sauf pour les quelques véhicules exceptionnels autorisés à circuler à 30 km/h.  Les transports en commun sont gratuits ce jour-là. L’occasion pour les citoyens de circuler librement sur la totalité de l’espace public et d’utiliser les modes de déplacement alternatifs à la voiture.

(c) Miguel Discart – flickr

D’autres villes envisagent la piétonnisation de manière saisonnière. A Lille par exemple, l’arrivée des beaux jours rime avec piétons ! En effet, depuis plusieurs années, la ville en collaboration avec l’association des commerçants, ferme les petites rues commerçantes du centre historique (le Vieux-Lille) à la circulation des véhicules du mardi au samedi de 19h à minuit. Fini les voitures les soirs d’été, pour laisser place aux terrasses, dynamiser les rues et faciliter l’événementiel. Les retours des commerçants sont d’ailleurs très positifs à en lire les nombreux commentaires dans la presse locale. Néanmoins, cela à un coût puisqu’il faut engager un vigil pour assurer la sécurité de la rue tard le soir.

A Kiev, le boulevard Khreshchatyk est piétonnisé les soirées et le week-end. Preuve que l’on peut aussi piétonniser des grandes voiries de manière temporaire. 

(c) Guillaume Cattiaux – Flickr

À Andenne, toujours en période estivale synonyme de congés scolaires, la commune a décidé de réserver certaines rues de l’entité andennaise à la circulation locale de manière à permettre aux plus jeunes d’y jouer en toute sécurité. Différentes rues sont mises sous le statut de “zone 30 été” et une signalisation adaptée et installées aux extrémités des rues concernées.

Il est également possible d’aller plus loin par la mise en place de “Rues aux enfants”. Il s’agit d’une rue fermée temporairement à la circulation motorisée. Les enfants peuvent alors y jouer en toute sécurité et toute tranquillité. La rue se voit alors métamorphosée par des structures de jeux, temporaires ou non, l’organisation d’animations. Pratiquement, ces rues sont fermées des jours et heures bien précises et un panneau « Rue réservée au jeu » peut être apposé. Ces rues ont la particularité d’être mises en place avec l’aide des enfants eux-même. En France, un appel à projets est ainsi lancé depuis plusieurs années. Voir : https://www.ruesauxenfants.com/

Plus récemment, les rues scolaires sont apparues dans le code de la route. Il s’agit d’une portion de rue (voie publique) fermée temporairement (+/-30 minutes) à la circulation des véhicules motorisés lors des heures d’arrivées et de sortie des élèves. La rue scolaire est réservée aux piétons et cyclistes et y sont tolérés sous certaines conditions certains véhicules. On en parle de plus en plus. Elles existent en Flandre, démarrent à Bruxelles et arrivent en Wallonie ! (cf l’article de Tous à Pied sur les rues scolaires https://www.tousapied.be/articles/rue-scolaire/).

Entre acceptation et adaptations

Toutes ces actions peuvent susciter le mécontentement de certaines personnes car elles nécessitent une réorganisation des habitudes des automobilistes pendant la durée de l’action. Pourtant de nombreux autres évènements plus communs et ancrés dans les moeurs qui nécessitent une piétonnisation provisoire comme les marchés, les foires ou les évènements récréatifs ne choquent personnes.

Néanmoins, généralement associées à un événement ludique, elles sont généralement bien vues par la population. Pour les usagers dérangés, cela constitue une occasion unique de changer de mode de déplacement. L’objectif ultime de ces actions serait de les pérenniser pour en faire des aménagements fixes dans le temps et l’espace. 

Pour que la piétonnisation temporaire fonctionne, il ne s’agit pas uniquement de fermer la voirie aux véhicules, mais aussi de créer un environnement propice à la marche en y installant des bancs, jeux, activités, etc. Lors d’un prochain article, Tous à Pied abordera les possibilités et bonnes pratique pour faire vivre ses espaces. A suivre donc…

Sources