Sneckdown
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Sneckdown

Service : Participation et Revendication Publics : Particulier, Pouvoir public Thématiques : Mobilité piétonne, Sécurité routière temps de lecture 3 min 24 sec

Vous êtes bien au chaud ?

Aujourd’hui on vous parle de comment la neige permet de repenser la répartition entre les espaces dédiés à la voiture et aux piétons et cyclistes. 

Tout d’abord un peu d’histoire.

C’est Monsieur Aaron Naparstek, fondateur du site web Streetsblog (qu’on vous recommande soit dit en passant) qui a créé le mot, ensuite popularisé par Clarence Eckerson Jr., directeur de Streetfilms, un photographe New Yorkais qui, il y a 20 ans, s’est mis à filmer les rues enneigées de sa ville. Leurs conclusions de l’époque (encore valables aujourd’hui) : la neige c’est froid et ça mouille. Oui mais pas que : quand il neige, les voitures :

  • roulent plus lentement,
  • sur un espace plus restreint,
  • notamment dans les virages qu’elles prennent plus largement plutôt que de serrer le trottoir.  

Et paf, le sneckdown était né.

Et non ce n’est pas la danse que les piétons satisfaits d’avoir récupéré de l’espace de circulation font sur le bord du trottoir, mais la contraction de deux mots anglais : snowy (“enneigé”) et neckdown (“élargissement de trottoir”). On est donc sur élargissement de trottoir enneigé #cqfd ou sur améneigement pour les militants de la francophonie. 

Lorsqu’il neige, les conducteurs roulent souvent beaucoup moins vite, ne dépassent pas, respectent plus facilement les distances de sécurité, sont plus attentifs à la circulation tant routière que des autres usagers comme les piétons et cyclistes. Bref, ils font ce que nous devrions tous faire en tant que conducteur, même quand il ne neige pas ! La circulation est donc ralentie mais on se rend compte aussi que les véhicules prennent moins de place sur la route. En effet, les traces laissées dans la neige permettent de mesurer la surface réellement occupée par la circulation automobile (voiture, bus, camions, véhicules d’urgence…). On est donc en capacité d’identifier l’espace potentiellement nécessaire à celle-ci. 

La méthodologie ?

Une photo, un crayon et y a plus qu’à suivre les lignes, pas besoin d’avoir été à l’académie de dessin. Les zones qui restent enneigées montrent la place qui pourrait être récupérée pour d’autres usages que la circulation automobile. Et là les idées ne manquent pas : des trottoirs plus larges, des pistes cyclables, des zones de repos avec des bancs, des petites places…peuvent être installés dans ces zones qui finalement ne sont pas utiles aux véhicules.  

Une fois la neige disparue, des aménagements permanents peuvent , au cas par cas, venir la remplacer afin de concrétiser les projets imaginés: rues plus sûres en termes de sécurité routière, piétons profitant de trottoirs plus larges et cyclistes de pistes cyclables plus nombreuses. L’idée n’est donc pas de supprimer les voitures mais que les aménagements sont rééquilibrés entre tous les usagers. On sait en effet que les aménagements de nos villes et villages ont longtemps été pensés pour la voiture. Les maisons et bâtiments ne peuvent pas être poussés, l’espace, quand c’est possible et judicieux, est donc à reprendre sur la voirie. Par ailleurs, nous sommes tous piétons, même pour marcher jusque nos voitures.

Il s’agit d’un vrai mouvement militant 

puisqu’une grande communauté de sneckdowner (ça on vient d’inventer le nom par contre), publie régulièrement sur les réseaux sociaux sous le #sneckdown des images d’espace à réaménager. Et ça marche, des aménagements ont été réalisés suite à l’identification des sneckdown les villes de New York, Philadelphie, Baltimore ou Toronto l’ont fait. 

Et pour ceux qui n’ont pas de neige ou pas souvent alors ? Et bien sachez que dans les années 80, certains planificateurs australiens ont étalé de la farine à gâteau dans certains carrefours afin d’observer les schémas de déplacement des véhicules quelques heures plus tard. D’autres l’ont aussi testé avec les tas de feuilles en automne. À votre meilleure convenance donc.