HAM-SUR-HEURE / NALINNES - Jamioulx : Le chemin du Laury est-il menacé ?
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HAM-SUR-HEURE / NALINNES - Jamioulx : Le chemin du Laury est-il menacé ?

Service : Participation et Revendication Publics : Particulier, Pouvoir public Thématique : Mobilité piétonne temps de lecture 3 min 39 sec

Pour les amateurs de balades en tous genres de la région sud de Charleroi, le chemin du Laury permet de relier Jamioulx à Ham-sur-Heure via Beignée en longeant l’Eau-d’Heure. A quinze minutes de la ville en train, ce pittoresque vallon bucolique attire une multitude de promeneurs et de sportifs dont certains au long court puisque le renommé logo blanc et rouge des Sentiers de Grande Randonnée indique la présence du sentier  129 reliant Lobbes à Gerpinnes.

Au beau milieu du parcours, se situe une ancienne petite ferme rachetée récemment avec une bonne partie du vallon par une société carolorégienne. Un permis de bâtir a été demandé à la commune pour transformer le bâtiment en logement. Jusque là, rien de particulier à signaler. Cependant, lors de la procédure, un plan de déplacement du chemin a été discrètement ajouté au dossier.

Le permis a finalement été accordé le 14 juillet 2011, mais avec une mention de la CCATM locale et du fonctionnaire délégué stipulant de ne modifier aucun sentier ou chemin actuellement utilisé par le public. Le Collège communal ne semble pas y avoir porté grande attention puisque le permis d’urbanisme est accordé avec la permission de déplacer le chemin en question au grand dam de la population locale et régionale qui risque de se voir spolier un chemin très populaire et utilisé de manière immémoriale.

Le chemin du Laury n’est pas un chemin vicinal inscrit à l’atlas, mais est bien un chemin public communal acquis par prescription trentenaire en application des règles de l’usucapion prévues à l’article 2262 du Code civil au profit de la commune.

Une pétition a été lancée par des habitants de Jamioulx et à déjà recueilli plus de 240 signatures. D’autre part, le propriétaire a demandé et obtenu un permis d’urbanisme pour installer une coûteuse passerelle sur l’Eau-d’Heure invitant le public à utiliser le tracé alternatif.

Le chemin est pourvu d'éclairage public et entretenu par la commune depuis de nombreuses années - © Sentiers.be
Le chemin est pourvu d’éclairage public et entretenu par la commune depuis de nombreuses années – © Tous à Pied

Il s’avère pourtant bien que le déplacement du chemin du Laury dans le cadre de la demande de permis d’urbanisme soit illégale. La commune semble le reconnaître à demi-mot puisqu’elle fait marche arrière et va finalement organiser une enquête publique pour tenter d’officialiser les choses.

Sans préjuger de la valeur de l’alternative, il est important de se poser les bonnes questions :

  • Le déplacement du chemin va-t-il à l’encontre de l’intérêt général ? Si la population se manifeste en masse contre le projet, le Collège devra bien admettre que l’on ne peut déplacer un chemin communal utile à tous au profit d’un seul particulier. L’intérêt général ne serait pas privilégié.
  • L’alternative proposée est-elle valable ? Le tracé alternatif présente-t-il les mêmes avantages et potentialités que le tracé actuel ? Le parcours présente-t-il le même intérêt au point de vue de la mobilité (permettre aux usagers actifs de relier Jamioulx à Ham-sur-Heure en terrain quasi plat) ? Des loisirs ? Du paysage ? De l’accès à la nature et à l’Eau-d’Heure ?
  • L’alternative proposée est-elle viable ? Si la population juge que l’alternative est aussi valable que l’ancien tracé, alors, cette alternative doit bénéficier de la même protection que le chemin initial. En effet, l’assiette doit être publique (au même titre que l’ancienne assiette acquise par usucapion) et non une simple tolérance du propriétaire sur ses terres. Dans le cas contraire, rien n’empêchera ce dernier de fermer ce nouveau chemin selon son bon vouloir au risque, pour la population, de ne plus pouvoir passer nulle part !

Dans les semaines à venir, la population restera donc attentive à ce que l’affichage réglementaire en matière d’enquête publique soit bien visible. Elle ne manquera pas de réagir et faire entendre son avis auprès des autorités communales qui devrait logiquement en tenir compte.

Courrier envoyé par Sentiers.be au Collège Echevinal d’Ham-sur-Heure / Nalinnes

Contact : Gérard Lorge – gerard.lorge@brulete.be ou 071.21.68.11

Auteur : Christophe Danaux – Sentiers.be