HOUYET - Restauration de la dernière "passerelle de fer" sur le ruisseau de l’Ywoigne
Article | Etude de cas |

HOUYET - Restauration de la dernière "passerelle de fer" sur le ruisseau de l’Ywoigne

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La commune de Houyet vient de rénover à l’identique une des dernières passerelles métalliques sur le ruisseau l’Ywoigne à Custinne en province de Namur. Ce passage d’eau se trouve sur le tracé de l’ancien chemin vicinal n°9 qui est balisé aujourd’hui en promenade communale et qui figure sur le parcours du GR 577, tour de la Famenne.

Liaisons rurales

La plupart des chemins et sentiers de nos campagnes avaient été créés depuis la nuit des temps pour assurer le développement des petits villages. Durant des années, les communautés rurales ont sans cesse entrepris des travaux pour longer et franchir de nombreux cours d’eaux. Le principe du passage d’eau était souvent le même : un chemin carrossable accessible aux charrois, troupeaux et voyageurs, serpente en pentes creusées sur les versants des vallées pour traverser l’eau à gué à l’endroit de sa plus grande largeur et à faible profondeur. Le plus souvent, ces ouvrages étaient doublés par des passerelles destinées au passage à sec des piétons, journaliers, colporteurs ou chemineaux… Le charroi à bœufs ou à d’autres animaux de bats franchissait facilement le ruisseau contrôlé par un petit barrage et faisait le bonheur des charretiers qui, en été, laissaient volontiers tremper les grosses roues de bois pour un resserrage bien nécessaire aux assemblages.

C’est ainsi que sur le lit de l’Ywoigne, entre Chevetogne et la Lesse à Houyet, on avait construit une dizaine de « petits ponts de fer » en parallèle aux gués de ces chemins de traverse.

Reconversion des chemins

En raison de l’évolution des moyens de communication, de la motorisation et surtout de l’industrialisation agricole, la majorité des chemins de campagne ont été désertés ou abandonnés. De nombreux ouvrages hydrauliques et nombreuses prairies de fauche tombées en désuétude. De ce fait, l’entretien a été réduit, sinon abandonné et les installations furent détériorées par les outrages du temps ou volontairement supprimés dans l’indifférence du public. Reste que beaucoup de chemins ont gardé une vocation piétonne mais exclusivement aujourd’hui pour le loisir, le sport et la découverte.

Après des décennies d’abandon progressif, on assiste à un grand retour aux sentiers et le nouveau décret wallon sur les chemins communaux n’y est certes pas étranger.

Les communes et offices de tourisme emboîtent le pas et relancent des centaines de kilomètres de promenades cartographiées et balisées sur… ces bons vieux sentiers. C’est ainsi que la vieille voirie répertoriée par l’Atlas des chemins vicinaux de 1847 retrouve une nouvelle vie, mais nécessite aussi une restauration, sinon un réaménagement parfois en profondeur.

Sauvegarde et restauration

Ce fut le cas pour la restauration à l’identique de cette dernière passerelle de fer sur l’Ywoigne. Construite sur le chemin vicinal n°9 reliant Houyet, Ardenne et Custinne, cette passerelle avait encore tous les éléments de sa construction de la fin du 19e siècle, dont les rambardes en fer forgé, mais fort endommagés.

Voulant sauvegarder ce patrimoine voyer les associations Les Sentiers de Grande Randonnée et Les Naturalistes de La Haute Lesse ont approché l’association le Contrat Rivière Lesse pour réclamer sa rénovation.

C’est suite à une intervention du président du Contrat Rivière que le bourgmestre de Houyet, Yvan Petit avait pris immédiatement la décision de faire réaliser l’ouvrage par les services de sa commune. Après une réunion sur le site avec l’échevin Hyat et Laurent Poncelet, chef des travaux, le chantier a été planifié sur l’année à charge des services communaux. Pour l’anecdote, le contremaître présent à cette réunion et aujourd’hui retraité, se souvenait bien d’avoir participé à une précédente restauration de la passerelle dans les années quatre-vingt… Dès ce printemps, les services ont démonté tout l’ouvrage et construit un passage provisoire. Deux nouvelles assises en pierres calcaires ont été montées sur l’ancien empierrement des berges.

Le tablier d’acier fut enlevé et retraité en atelier et les deux rambardes en fer forgé remplacées par une réalisation identique reprenant les montants caractéristiques en arc de cercle. Restait à reconstruire le tout avec son passage en poutres de chêne.

Gestion d’un bassin rivière

Voilà une nouvelle vie pour un bel ouvrage en cette bien agréable vallée de l’Ywoigne, un des derniers affluents de la Lesse avant la Meuse et Anseremme.

Cette rivière fait partie du sous bassin hydrographique de la Lesse, au sein duquel les partenaires publics et privés se sont associés dans un “Contrat de rivière” afin de mettre en œuvre des actions concertées pour la préservation de cette magnifique vallée.

C’est dans le cadre de ce programme d’actions, que cette belle restauration a été réalisée par la Commune de Houyet, et grâce à la vigilance et la collaboration de Raoul Hubert, passionné de randonnées et de patrimoine.