Parmi les nombreuses infrastructures qu’utilisent les piétons au quotidien,
les trottoirs sont un incontournable. Comme la mayonnaise aux frites, les trottoirs sont indispensables aux piétons. Par contre, tantôt absents, dégradés, réparés partiellement ou discontinus, qui ne s’est jamais dit que les trottoirs mériteraient un meilleur traitement de la part des autorités ? On le sait, même si des efforts sont consentis depuis plusieurs années, la situation est loin d’être parfaite.
À Nivelles, on a décidé de mettre un pied devant l’autre et de faire les choses dans l’ordre, en créant un Plan Trottoir. On vous en explique ici les enjeux et perspectives avec Pascal Rigot, 1er Echevin ayant en charge les travaux à la ville de Nivelles.
Le plan trottoir pour remplacer le système 70/30
En cette fin de septembre, ayant eu vent par la presse de la décision du Collège communale, nous rencontrons M. l’Echevin concernant sa volonté de planifier la rénovation des trottoirs à l’échelle communale. D’emblée, il évoque qu’un système 70/30 est en place depuis plus de dix ans mais que celui-ci ne répond plus aux besoins et attentes des citoyens. « Nous partions du principe que les riverains étaient responsables du trottoir situé devant chez eux » déclare Pascal Rigot. La commune restant gestionnaire des trottoirs, déléguait l’entretien aux riverains via le règlement communal. ” Le demandeur introduisait la demande avec une estimation chiffrée auprès du service travaux qui évaluait l’ampleur de ceux-ci et le fondement juridique via le règlement communal. La prime était ensuite attribuée à hauteur de 30% du montant total des travaux si les conditions étaient respectées. Ce système a montré ses limites car trop cher pour les citoyens. C’est pour cela qu’un nouveau principe a été inventé. Et ce système, c’est le fameux plan trottoir lancé en ce mois de mai 2022. “
La nécessité d’une approche globale à l’échelle communale
L’enjeu de la rénovation des trottoirs nivellois est de taille. En effet, Nivelles dispose d’un centre ancien qui a subi de nombreuses transformations notamment au niveau de la Grand-Place et via la mise en œuvre d’un piétonnier. Les trottoirs y sont assez délabrés avec des vieilles dalles 30×30.
Il était donc nécessaire d’intervenir à plus grande échelle territoriale et surtout budgétaire. « Rien que pour 2022, le crédit budgétaire est de 100 000 euros pour ce projet » annonce Monsieur Rigot. Et là où la donne change complètement, c’est que la ville intervient à 100% du montant à financer pour rénover les trottoirs. « Une planification a été établie jusqu’en 2025 selon toutes une série de critères comme l’état de délabrement, la possibilité de faire l’entièreté de la rue, la cohérence avec notre projet de réseau de cheminements piétons mené par Tous à Pied ou encore la sécurité des usagers, afin de prioriser les trottoirs à rénover ». Il est à noter que les rues devant être revues de façade à façade avec l’appui d’un auteur de projet sont exclues de ce plan, ainsi que les infrastructures qui verraient le jour avec les budgets du PIMACI (Plan d’investissement mobilité active communal et intermodalité qui est un soutien du Gouvernement wallon aux politiques de mobilité active et d’intermodalité menées par les communes via un droit de tirage qui permet de réaliser des aménagements cyclables, piétons ainsi que des aménagements favorisant l’intermodalité à travers des mobipôles (endroit où convergent différentes offres et infrastructures de mobilité qui favorise ainsi l’intermodalité en Wallonie… Ouf on est au bout des définitions !)))
Concrètement, à Nivelles cela donne quoi ?
La première rue dont les trottoirs seront rénovés sera la rue du Cura, estimée à 94 000 euros. En 2023, les rues Cardinal Mercier, Saint-Georges et Samiette. En 2024, la rue du Bassin. Et en 2025, la rue Laurent Delvaux. M. Rigot nous fait remarquer que « la volonté est de travailler à la fois sur Nivelles-centre, mais aussi sur d’autres localités de la commune », qu’aucun piéton ne sera donc oublié.
Des difficultés liées au « millefeuille territorial » et à la discontinuité politique
Ce n’est cependant pas sans difficulté que le plan trottoir est mis en œuvre. D’une part, cela ne concerne que les trottoirs communaux (NDLR : sur voiries communales). « Sur routes régionales, c’est la région wallonne qui a la main. Nous avons pris contact avec les services régionaux en amont pour que notre plan soit pris en considération dans leur planification de rénovation des trottoirs à Nivelles » explique Pascal Rigot. L’enjeu de la continuité des aménagements est particulièrement important pour les usagers qui ne comprendraient pas pourquoi un trottoir s’arrête soudainement. D’autre part, il existe un réel enjeu de continuité de la mise en œuvre du plan après 2024. “ La prochaine équipe politique aura le choix de continuer le chemin tracé ou d’en prendre un autre. Quoi qu’il en soit, le plan trottoir est inscrit notre plan communal de mobilité approuvé en décembre 2021 ”.
Le plan trottoir mis en place à Nivelles comme dans d’autres villes en Wallonie et ailleurs, reste certainement la solution la plus concrète pour espérer une amélioration à court ou moyen terme d’une infrastructure primordiale pour le piéton. Mais mettre en place une telle planification nécessite une volonté politique forte et le soutien des différents acteurs du territoire pour en assurer la cohérence. De plus, afin d’optimaliser les gains directs pour les usagers piétons, il s’avère important d’inscrire la rénovation des trottoirs dans une réflexion plus globale de création d’une trame piétonne (composée de chemins, sentiers, rues piétonnes, zones apaisées, traversées sécrurisées, etc), de mobilité et d’aménagement du territoire à différentes échelles. Bref, encore pas mal de travail en vue pour Tous à Pied !