Borne de recharge électrique et son câble is the new crotte de chien
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Borne de recharge électrique et son câble is the new crotte de chien

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On commençait seulement à faire passer le message que les trottoirs et tout ce qu’il y a dessus, c’est pour les piétons que BAM, les bornes de recharge électriques vont se mettre à pousser comme des champignons. Le Plan de déploiement des bornes de chargement wallon est d’ailleurs entré vigueur ce mardi 21 février 2023. À Bruxelles, la Région s’est fixé l’objectif de rendre 22.000 points de recharge pour véhicules électriques accessibles au public d’ici 2035.

Alors si on n’a rien contre les champignons et qu’on comprend bien la nécessité de permettre la recharge des véhicules électriques qui font partie de la solution pour décarboniser le transport, il est évident que les demandes de placement de borne et donc d’occupation du domaine public par les citoyens pour recharger leur véhicule vont augmenter de manière exponentielle. Et en particulier pour les câbles allant d’une habitation privée à un véhicule stationné en voirie. Et cela sans même compter la culture de champignons sauvages, c’est-à-dire, de tous les câbles reliant l’habitation au véhicule et installés sans aucune autorisation (welcome to the jungle baby comme dirait Axel des Guns).

C’est donc ici que s’impose une série de petits rappels histoire que nos trottoirs ne se transforment pas en assiette de spaghettis (on aime aussi les spaghettis hein). L’espace public doit permettre la circulation de tous les usagers. Et ce, on ne le dira jamais assez non plus, en respectant le principe STOP. La priorité étant accordée, devinez à qui, aux piétons (et BAM) !

En Wallonie, les normes actuelles prévoient déjà une largeur minimale d’1,50m pour les trottoirs afin de permettre la circulation des personnes à mobilité réduite. Non seulement cette largeur doit être respectée mais de plus, elle doit être libre de tout encombrement (vous nous voyez venir non ?). Le Guide Régional d’Urbanisme impose d’ailleurs “un cheminement permanent est libre de tout obstacle sur une largeur minimale de 1,5 mètre et sur une hauteur minimale de 2,2 mètres mesurée à partir du sol” lors de la délivrance d’un permis d’urbanisme pour des trottoirs desservant certains bâtiments et infrastructures (article 415/16). Enfin, une autorisation est nécessaire que ce soit pour le placement de borne sur (au-dessus) du trottoir ou le passage de câbles sur celui-ci. De nombreux règlements communaux rappellent d’ailleurs ce principe en interdisant toute utilisation privative de la voie publique, sauf autorisation de l’autorité compétente.

En Région bruxelloise, la recharge “sauvage” est interdite, à savoir recharger un véhicule stationné en voirie à l’aide d’un câble qui passe par le trottoir et y gêne les piétons, et est raccordé à une prise située généralement dans une habitation. En outre, le règlement régional d’urbanisme déconseille l’installation des bornes de recharge sur le trottoir et précise que “Toute voie de circulation piétonne comporte un cheminement libre de tout obstacle d’une largeur minimale d’1,50 m d’un seul tenant et d’une hauteur libre minimale de 2,20 m“. Enfin, pour chaque installation, une autorisation de voirie doit être délivrée par le commune.

Un des principaux problèmes c’est donc qu’actuellement, il existe une tolérance du passage des câbles avec des adaptations locales (goulottes, protecteurs de câble au sol, système en hauteur avec fil descendant vers le point de recharge et autres bricolages…), faute de solution commune et d’un engouement des autorités régionales pour l’électrification du parc automobile.

Partant de là, Tous à Pied revendique :

  1. qu’aucune dispense de permis ou d’autorisation de voirie ne soit permise pour la demande de placement (privée ou publique) de bornes de recharge sur l’espace public et la mise en place d’installation fixes placées pour permettre le passage d’un câble (fourreau fixe, dalles amovibles….),
  2. que le choix de l’emplacement de bornes de chargement soit étudié avec attention par les autorités locales,
  3. que les câbles qui traversent le trottoir, au regard du danger qu’ils représentent pour tous les piétons, soient proscrits (par exemple, et comme le suggère l’UVCW, au travers du règlement général de police),
  4. que des solutions techniques harmonisées de recharge individuelle n’impactant ni les trottoirs (ni les pistes cyclables) soient proposées par les autorités régionales,
  5. qu’une information précise et efficace (via une campagne soutenue par la région) soit donnée aux citoyens sur les conditions à respecter en matière d’occupation du domaine public,
  6. qu’une formation technique des services compétents au sein des administrations communales soit réalisée afin d’y présenter les bons usages à respecter lors de la délivrance de permis.

L’enthousiasme général des autorités régionales pour le passage à l’électrique (communication, plan énergie air climat, aides, primes…), ne doit pas se transformer en message global aux citoyens “tous aux bornes électriques” (et c’est Tous à Pied qui le dit), leur laissant penser à tort que ce type d’occupation de l’espace public est un droit acquis, ne pouvant être refusé, voire qui ne nécessite aucune autorisation préalable.

Les citoyens piétons que nous sommes tous, en seront grandement reconnaissants. La partie sera quasi gagnée quand il ne restera plus que les crottes de chien pour pourrir la vie des piétons.