Observer le paysage, la récompense quand on marche
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Observer le paysage, la récompense quand on marche

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« Je crois que la beauté des paysages conquis par la marche est supérieure parce qu’elle apparaît justement au marcheur comme une récompense. » (GROS, F. 2010.)

On connaît les bienfaits de la marche pour le corps, l’économie et les liens sociaux. Et être un marcheur, c’est universel : tout le monde est piéton, à tout moment de la journée. Cependant, certains trajets peuvent paraître redondants. Et si je vous disais que chaque jour, vous pouvez faire une expérience différente ?

Le paysage, c’est une partie de territoire, telle que perçue par ceux qui visitent ou habitent dans un lieu. Quand on veut décrire un paysage, on va alors en premier lieu lister ce que l’on voit : des bâtiments ici, un arbre là, un panorama depuis tel endroit, … En voiture ? Trop rapide, on démarre d’un endroit pour descendre plus loin. Tandis qu’à pied, on peut prendre le temps de profiter, un pas après l’autre, de la présence de chaque élément que l’on rencontre.

« Nous vivons avec l’heure, et plus elle nous domine, plus le paysage recule. » (STRAUS, E. 2000.)

Le paysage est donc appréhendable en 3 dimensions et dépend du contexte : un lieu n’est pas un autre. Mais la 4ème dimension – le temps – joue un rôle également primordial : pour un même endroit, une année n’est pas une autre, les saisons sont bien différentes, et chaque jour est un autre jour. Promenez-vous sur le même chemin tous les jours, et vous verrez : les plantes poussent, les gens ne sont pas les mêmes, les feuilles tombent, … Le paysage est évolutif.

Le temps, c’est aussi quelque chose qui nous fait défaut : on marche le plus souvent pour se rendre au travail, à l’école ou faire les courses. On ne profite pas toujours de ce genre de trajet, pressés par le temps, pour arriver à une heure précise (on est tous déjà arrivés en retard en cours ou au travail). Le paysage, dans ces cas-là, n’est qu’une tapisserie qui défile à côté de nous pendant que nous marchons vers notre objectif.

La marche est le moyen de déplacement le plus lent, mais qui a dit que c’était un désavantage ? Levez le pied, levez les yeux et profitez du trajet.

« Et le marcheur peut donc s’abandonner à la beauté du paysage (…). » (GROS, F. 2010.)

A chacun sa façon de percevoir et ressentir son environnement, et à chacun sa façon de l’exprimer. Pour profiter d’un lieu, pas besoin de savoir écrire un roman, pas besoin de savoir peindre comme De Vinci (ou comme Picasso…), et pas besoin d’avoir l’appareil photo dernier cri. Pour réellement tirer profit du paysage, il faut prendre le temps de marcher, de ralentir, de regarder autour de soi, et de s’arrêter.

Marcher, c’est aussi l’occasion de se vider l’esprit : pas besoin d’essayer de comprendre comment fonctionne la ville ou la forêt pour remarquer qu’elles sont belles, et pas besoin de s’encombrer l’esprit avec le travail ou le menu du jour alors que notre environnement nous ouvre les bras.

« S’émerveiller du jour qu’il fait, de l’éclat du soleil, de la grandeur des arbres, du bleu du ciel. Je n’ai besoin pour cela d’aucune expérience, d’aucune compétence. » (GROS, F. 2009.)

Le paysage n’est pas un élément que l’observe à distance, que l’on voit sans trop y prêter attention ou sans jamais le traverser. Un paysage se parcourt, se vit, se ressent, chacun à sa façon.

Vous aussi, vous êtes un walker : pour aller chercher votre pain, vous rendre à l’école, marcher jusqu’à la gare ou votre voiture. Alors marchez, et profitez de chaque pas pour (re)découvrir ce qui vous entoure.

Une envie de partager votre paysage à vous ? Envoyez-nous via les réseaux sociaux une photo d’un lieu que vous aimez, une découverte de la semaine, une curiosité, … et vous aussi, partagez le plaisir de la marche.

Pour aller plus loin / Sources

  • GROS, F. (2009). Marcher, une philosophie. Editions Carnets Nord. 302 pages.
  • GROS, F. (2009). La pensée, le chemin. In Mémoires de l’Académie Nationale de Metz – 2010. pp. 35-42.
  • STRAUS, E. (2000). Du sens des sens – Contribution à l’étude des fondements de la psychologie. Grenoble : Jérôme Million. Première édition en 1935. 477 pages.

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