Accord du Gouvernement Wallon 2019-2024
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Accord du Gouvernement Wallon 2019-2024

Service : Participation et Revendication Publics : Particulier, Pouvoir public, Professionnel Thématique : Mobilité piétonne temps de lecture 6 min 30 sec

La nouvelle déclaration de Politique Régionale (DPR) vient d’être présentée – Analyse de Tous à pied sur les mesures destinées à améliorer la marche quotidienne utilitaire et de loisir.

C’est une grande première dans l’histoire des DPR, la marche prend enfin sa place au côté du vélo dans le chapitre mobilité !

Nous en sommes particulièrement heureux. Depuis de nombreux mois, notre ASBL a multiplié les actions et contacts afin que les piétons soient bien mieux pris en compte dans les politiques régionales et communales. Nos mémorandums ont ainsi percolé auprès des négociateurs politiques, nombres de mesures se retrouvant dans ce nouvel accord.

En voici l’analyse :

Tous à Pied se réjouit de la poursuite de la vision FAST 2030 et de la stratégie régionale de mobilité en ligne avec le PACE ainsi que de l’augmentation prévue de la part modale de la marche de 3 à 5% au minimum, du vélo de 1 à 5%, de celle des transports en commun de 13 à 25% et du renforcement significatif de l’ampleur des voitures partagées.

Si l’objectif d’une augmentation de la part modale de la marche de 3 à 5% peut sembler faible, rappelons que ce chiffre ne reprend que le mode de déplacement principal (dans 800 m faits à pied pour se rendre à l’arrêt de bus et 5km parcourus en bus, 5,8km sont comptabilisés pour le bus et 0 pour la marche). Augmenter la part modale des transports en commun, de l’usage des voitures partagées et même du vélo, c’est aussi augmenter la part de la marche, car tout déplacement commence et termine par les déplacements à pied. Nous espérons d’ailleurs la mise en place d’un véritable monitoring des déplacements piétons afin que ceux-ci soient pleinement pris en compte dans les statistiques régionales et fédérales de mobilité.

Par la mise en place du principe STOP (Stappers/Piétons – Trappers/Cyclistes – Openbaar vervoer/Transport public – Privé-vervoer/Transports privés) et le fait de favoriser les modes de déplacement dans l’ordre suivant : marche à pied, vélos et micromobilité active, transports publics, transports privés collectifs (taxis, voitures partagées, covoiturage) puis individuels, la DPR reconnaît l’inversion de la hiérarchie des modes de déplacement avec une priorité mise sur les modes de déplacements actifs et d’abord sur la marche à pied. Ce principe est donc maintenant reconnu par les trois Régions.

De par son soutien à la mobilité active, aux infrastructures qui y sont adaptées, aux déplacements quotidiens, à la lutte contre les incivilités routières et à la formation des agents techniques ainsi que par l’investissement dans la marche à pied et la promotion d’un environnement favorable pour les déplacements pédestres quotidiens, l’élaboration et la mise en œuvre rapide d’un plan piéton, la DPR marque enfin des investissements spécifiques à ce mode de déplacement. La marche est un mode actif, où le piéton va dépenser de l’énergie pour son déplacement. Il est donc important qu’il bénéficie d’un environnement de qualité qui lui donne envie de se déplacer et qui lui permette de le faire de manière sûre. Le vélo a déjà pu bénéficier d’un plan régional qui lui était consacré, nous nous réjouissons que le piéton puisse également bénéficier d’une réflexion à l’échelle de la Région. Ce plan sera un document de base très important. Pointons aussi le fait que ce document parle de la marche comme un mode de déplacement actif, terme positif, plus qu’usager faible ou lent ou même doux.

Les trottoirs ne sont pas non plus les seules infrastructures servant aux déplacements, les places et aussi les sentiers doivent être pris en compte. Il est donc important de (re)considérer ces petites voiries, notamment en réalisant l’actualisation des Atlas vicinaux.

Le Code de la route est une compétence fédérale, mais nous serons particulièrement attentifs à son évolution, notamment au sein du Conseil wallon de la sécurité routière, en réfléchissant aux adaptations en faveur des modes actifs.

En soutenant significativement les connexions entre les divers moyens de transport et la coordination entre opérateurs de transport et en intégrant différents modes de transport – transport public, automobile, vélo, marche à pied, etc. – en un seul système qui est à la fois efficace, facilement accessible, abordable, sûr et écologique, la DPR indique que la marche à pied est un mode de déplacement à part entière qui se refait une place dans la chaîne de déplacements. En effet, elle possède un potentiel fort et insoupçonné pour s’inscrire dans la mobilité quotidienne des individus. C’est dans la complémentarité avec les modes alternatifs à la voiture qu’il faut travailler, et cela dans le but de contrer le système du tout à la voiture et de ses dépendances ayant des effets négatifs tant sociaux qu’environnementaux.

La mesure permettant d’augmenter le nombre et la surface d’espaces verts en zone urbaine afin que chaque citoyen ait accès à un parc ou un espace vert équivalant à moins d’un quart d’heure de marche à pied est pleinement justifié. Nombreuses sont les études mettant en évidence l’importance physique et psychologique de pouvoir avoir accès à une zone d’espace vert. Pour atteindre cet objectif, il faudra néanmoins assurer des cheminements continus, accessibles, agréables vers ces zones vertes. Plus ces cheminements répondront à ces objectifs et plus le maillage sera important, plus les territoires « à 15 minutes » seront nombreux.

En dehors de mesures de la DPR, nous espérons de plus obtenir le soutien de la Région afin d’étendre aux piétons l’indemnité accordée aujourd’hui aux personnes se rendant au travail à vélo et la rendre obligatoire. Actuellement, l’intervention de l’employeur pour prendre en charge l’équipement du piéton est considérée comme un avantage en nature. Même si se déplacer à pied est peu onéreux, cela peut engendrer des coûts pour les personnes se déplaçant à pied toute l’année et dans toutes les conditions (usure des chaussures, vêtements adaptés…). Un incitant financier permettra également de motiver les indécis à changer leurs habitudes.

Nous avons pointé ici les mesures où la marche était spécifiquement nommée, mais il est évident que sa promotion dépend également d’autres politiques comme l’aménagement du territoire pour ne citer qu’elle.

De plus, la marche est le mode de déplacement par excellence pour connaître son environnement, la richesse de la nature et du patrimoine qui nous entourent. Elle a aussi un rôle essentiel à jouer au niveau de la santé en tant que mode actif.

À noter aussi que la marche est un levier important en terme de développement touristique et donc de développement de l’économie locale et régionale.

Enfin, il nous semble primordial de développer une mobilité plus inclusive en s’intéressant à la prise en compte de profils spécifiques d’usager comme les aînés, les femmes, les enfants, etc., dans l’espace public. Il n’existe pas un piéton, mais bien des piétons ayant des attentes et besoins particuliers.

Résumés des extraits analysés de la DPR

Lien vers la Déclaration de Politique Régionale

Lien vers notre mémorandum des élections communales et provinciales

Lien vers notre mémorandum des élections régionales, fédérales et européennes